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Marche pour la justice climatique au Niger : Un appel à l’action en prélude à la COP29

Marche pour la justice climatique au Niger : Un appel à l’action en prélude à la COP29

Le 7 novembre 2024, à l’occasion des préparatifs en vue de la 29e Conférence des Parties (COP29) de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), une marche pour le climat a été organisée à Niamey, capitale du Niger. Cette mobilisation, qui a rassemblé environ 200 participants, a été orchestrée par le Réseau de la Jeunesse Nigérienne sur le Changement Climatique (RJNCC) et l’organisation Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE Niger), en partenariat avec Oxfam au Niger et la Coalition des Organisations Africaines de la Société Civile sur le Changement Climatique (PACJA).

Un message fort pour le climat : la marche de la jeunesse pour un avenir durableLe cortège, composé principalement de jeunes, de membres d’organisations de la société civile, ainsi que d’acteurs engagés dans la lutte contre le changement climatique, a pris son départ au Stade Général Seyni Kountché, un lieu emblématique de Niamey.

Sous un ciel dégagé, les participants ont défilé jusqu’au Rond-point Justice, où une déclaration conjointe pour la justice climatique a été lue et remise à un représentant du ministère de l’Environnement. Cette marche était un symbole de la mobilisation croissante de la jeunesse nigérienne et africaine pour un avenir plus juste, plus équitable et plus respectueux de l’environnement.

Les organisateurs de cet événement ont voulu attirer l’attention sur les conséquences dramatiques du changement climatique, en particulier pour le Niger et le continent africain. Le pays, l’un des plus vulnérables au monde face aux effets du dérèglement climatique, subit de plein fouet des phénomènes tels que la désertification, les sécheresses prolongées, les inondations, et l’augmentation des températures. Ces changements, qui touchent en particulier les populations rurales, ont des répercussions graves sur la sécurité alimentaire, les conditions de vie et le développement socio-économique.

Le Niger, bien que contribuant à une part minime des émissions mondiales de gaz à effet de serre, paye un lourd tribut à la crise climatique.

Justice climatique : un impératif pour l’avenir du Niger et de l’AfriqueLors de cette mobilisation, le coordinateur du RJNCC a pris la parole pour rappeler l’urgence de l’action climatique, en insistant sur la nécessité de renforcer les efforts pour atténuer les effets du changement climatique, tout en assurant un développement durable et inclusif. Il a souligné que le Niger doit impérativement tirer parti de ses ressources naturelles de manière responsable, tout en respectant des normes environnementales strictes afin de garantir la durabilité de son développement. »Nous devons nous assurer que notre pays, le Niger, tout comme l’ensemble du continent africain, ne soit pas sacrifié dans la course au développement. La justice climatique signifie que ceux qui ont contribué de manière disproportionnée au changement climatique doivent assumer leur part de responsabilité », a déclaré le coordinateur du RJNCC.

En effet, la marche a été l’occasion de réaffirmer les revendications des organisateurs : un appel à l’application du principe du « pollueur-payeur », un concept fondamental qui stipule que les pays les plus industrialisés, responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre, doivent contribuer financièrement à la réparation des dommages écologiques causés par leurs activités.

Le principe du pollueur-payeur est particulièrement pertinent pour les pays africains comme le Niger, qui, bien que n’étant pas responsables des principales causes du réchauffement climatique, en sont les premières victimes. »Les pays doivent respecter leurs engagements et financer l’adaptation et la transition énergétique des pays du Sud. Nous ne pouvons plus attendre. Les fonds doivent être débloqués maintenant pour réparer les dommages causés et soutenir les communautés vulnérables », a insisté le représentant de JVE Niger, rappelant que la justice climatique ne pouvait être atteinte sans solidarité internationale.Un avenir incertain : l’urgence de l’adaptationEn plus de la question de la justice climatique, la marche a également mis l’accent sur la nécessité urgente de mettre en place des mécanismes d’adaptation au changement climatique pour les populations africaines. Le Niger, avec ses vastes zones sahéliennes, est particulièrement exposé à la sécheresse et à la pénurie d’eau, qui affectent gravement l’agriculture et l’élevage, piliers de l’économie du pays. De nombreuses régions du Niger connaissent déjà des pénuries alimentaires chroniques en raison de l’impact direct du changement climatique sur les cycles agricoles.

Pour faire face à cette crise, il est essentiel de renforcer la résilience des communautés les plus vulnérables. Cela inclut la mise en place de solutions basées sur la nature, telles que la reforestation, la gestion durable des ressources en eau et l’agriculture climato-intelligente, ainsi que la mise en place de systèmes d’alerte précoce pour prévenir les catastrophes liées aux conditions climatiques extrêmes.L’organisation de cette marche pour le climat a donc également été l’occasion de rappeler que les investissements dans l’adaptation sont cruciaux pour garantir un avenir résilient.

Cependant, ces investissements ne peuvent être réalisés que si les gouvernements africains, en partenariat avec la communauté internationale, décident de faire de l’adaptation une priorité absolue.La solidarité internationale : un pilier pour l’action climatique Si le Niger, à travers la mobilisation des jeunes et de la société civile, porte une voix forte pour la justice climatique, il ne peut à lui seul répondre aux défis posés par la crise climatique.

La solidarité internationale et l’implication des pays industrialisés sont nécessaires pour soutenir les efforts d’adaptation et de mitigation dans les pays en développement. L’une des demandes les plus pressantes des organisations présentes lors de la marche est le respect des engagements pris lors des précédentes conférences sur le climat, notamment en ce qui concerne le financement de l’adaptation et de la transition énergétique.

Dans ce cadre, les participants à la marche ont réitéré leur appel à ce que les pays industrialisés respectent leurs promesses faites dans le cadre de l’Accord de Paris, notamment en matière de financement des actions climatiques. « Le financement climatique doit être plus ambitieux, plus accessible, et plus transparent », ont souligné les organisateurs, affirmant que les fonds alloués ne devaient pas seulement être utilisés pour les grands projets, mais aussi pour soutenir les initiatives locales portées par les communautés.

L’urgence de l’action et l’espoir d’un avenir meilleurCette marche pour le climat au Niger, en prélude à la COP29, a été un véritable cri d’alarme face à l’urgence climatique. Elle a permis de mettre en lumière les défis que rencontrent le Niger et l’ensemble du continent africain, tout en soulignant les solutions possibles pour faire face à ces défis.

L’engagement des jeunes, des organisations de la société civile et des acteurs du développement est essentiel pour faire avancer la cause de la justice climatique, mais il ne suffira pas. Ce sont les actions concrètes des gouvernements et de la communauté internationale qui permettront d’assurer un avenir viable pour les générations futures.

Les participants à cette marche ont insisté sur l’importance de maintenir la pression sur les décideurs, à l’aube de la COP29, afin que cette conférence aboutisse à des engagements réels, tangibles et financés, pour une planète plus juste et plus équitable. Un avenir résilient et durable, pour le Niger et pour toute l’Afrique, est possible, mais il exige une action collective immédiate et ambitieuse.

Omar Issa